La Renverse

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La Renverse

Olivier Adam a souvent mis en scène la nostalgie de l’enfance et de la famille. Ou plus précisément le regret des relations qui vont de soi, ce que l’héroïne de Je vais bien, ne t’en fais pas appelait « le chaud de la maison ». La Renverse, au contraire, prend sa source dans la glace d’une enfance humiliée, écrasée par le scandale et l’indifférence assassine des adultes vis-à-vis des plus jeunes. La renverse est ce mo­ment de latence entre marée montante et descendante, quand la mer retient son souffle avant de repartir. Le nouveau roman d’Olivier Adam est ainsi construit dans la tension entre l’em­pêchement du narrateur, Antoine, incapable d’être au monde, et ce mo­ment, entre deux eaux, où sa vie va basculer.

Retiré en Bretagne, solitaire, vivant de petits boulots, Antoine apprend soudain la mort d’un homme politique, maire d’une commune de lointaine banlieue parisienne, ancien ministre. Des années plus tôt, cet homme a fait la une des journaux, accusé du viol de deux de ses employées avec la complicité de son adjointe et maîtresse, la mère d’Antoine. A travers ce fait divers, qui renvoie à diverses affaires récentes, Olivier Adam montre de l’intérieur, avec une précision clinique, les réseaux et les stratégies d’une certaine classe politique pour assurer son pouvoir, ses privilèges et son impunité. Mais La Renverse est d’abord une tragédie intime, celle d’un jeune homme prisonnier de sa révolte, replié sur sa douleur, perdu dans la confusion des sentiments et des souvenirs. Véhément et retenu tout à la fois, secoué de silences et de non-dits, ce roman touche par la voix qui le porte, aussi fragile que lucide. — Michel Abescat

 

Ed. Flammarion, 268 p., 19 EUR.

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