La Grande Évasion. Santé, richesse et origine des inégalités

Ajouter un commentaire

La Grande Évasion. Santé, richesse et origine des inégalités

« L’espérance de vie aux Etats-Unis est passée de 47,3 ans en 1900 à 77,9 ans en 2006. […] Avoir gagné trente années de vie en un peu plus d’un siècle est une réussite extraordinaire, une véritable « grande évasion ». » Angus Deaton, Prix Nobel en 2015, n’est pas un économiste comme les autres. Ses recherches, consacrées au bien-être des populations (à travers la santé et le revenu notamment), se situent au plus près des gens. Son livre aussi. Accessible et modeste — mais puissant. L’auteur l’a placé sous le signe d’un film culte de 1963, La Grande Evasion, de John Sturges, avec Steve McQueen, inspiré d’une histoire vraie : durant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs prisonniers, aviateurs de différentes nationalités, s’évadent d’un camp allemand, le Stalag Luft III. « Le film met l’accent non sur la réussite limitée de cette évasion, mais sur le désir inextinguible de liberté que manifeste l’homme, même face à des obstacles apparemment insurmontables », commente Angus Deaton.

Cette métaphore de l’évasion sert de fil rouge à l’essai, qui brasse un grand nombre de données mises à la portée de tous. Comment le progrès s’est-il construit ? Comment les hommes, au fil des décennies, sont-ils globalement sortis de la pauvreté, de la privation, du dénuement, de la maladie ? Mais, pour chaque évasion, combien de laissés-pour-compte ? Comment aider ces derniers, à l’échelle mondiale ? Voilà les questions massives auxquelles répond Angus Deaton, avec son style décalé, son sens de l’humour, son scepticisme critique. Le lecteur apprendra, notamment, que l’aide internationale des pays riches envers les pays pauvres non seulement ne sert à rien, mais fait même plus de mal que de bien… Ecossais de naissance, et Américain d’adoption, ce professeur à l’université de Princeton met en scène ce qu’il nomme « un ballet sans fin » : « Le progrès crée l’inégalité, l’inégalité est tantôt positive — elle montre la voie aux autres, elle leur inspire l’envie de rattraper les plus prospères —, tantôt négative — quand ceux qui ont réussi leur évasion protègent leurs privilèges en détruisant les voies grâce auxquelles ils ont pris la fuite. » A méditer. — Juliette Cerf

 

The Great Escape. Health, wealth and the origins of inequality, traduit de l’anglais par Laurent Bury, éd. PUF, 384 p., 24 €.

Commandez le livre La Grande Évasion. Santé, richesse et origine des inégalités

Laisser une réponse