La Grâce des brigands

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La Grâce des brigands

Elles s’appellent Paloma, Vera Candida, Rosa ou Maria Cristina. Elles quittent brusquement leur village natal, un coin bourbeux et pauvre, laissent derrière elles un passé sans grâce, une mère indifférente, une soeur jalouse pour vivre une nouvelle vie qu’elles imaginent brillante comme du papier d’aluminium. Les héroïnes de Véronique Ovaldé ont toujours un morceau d’enfance dans leur poche et de la naïveté plein la tête. La romancière leur offre des contes et des fables, comme un lot de consolation. La Grâce des brigands est de cette famille littéraire, proche d’Et mon coeur transparent (2008, prix France Culture-Télérama) ou Des vies d’oiseaux (1) (2001), ses précédents livres.

Les lieux, certes, ont changé, l’Amérique du Sud fantasmée a disparu au profit de Los Angeles, Santa Monica et ses jardins de stars « qu’on arrose à minuit pour que les orchidées et les roses au nom latin se sentent à leur aise ». Mais ce paradis reste artificiel, comme les décors hollywoodiens et les manoirs de Beverly Hills. Maria Cristina vit dans ce monde de stuc. Elle a écrit un roman autobiographique, La Vilaine Soeur, qui lui a valu succès et fortune. Elle fut aussi la secrétaire particulière d’un vieil écrivain nobélisable, qui lui vola sans doute un peu de son talent. Auparavant, elle connut la Finlande, des drames familiaux et l’envie de fuir.

La Grâce des brigands est un hymne au mensonge, un chant dédié à l’imposture sous toutes ses formes, celles de l’amour familial, du désir sexuel et surtout de la création littéraire. Comment écrire son histoire, demande Véronique Ovaldé, confronter les versions, éviter l’artifice ? Comme les poupées russes qui se déboîtent les unes après les autres, elle « ouvre des digressions, des parenthèses, des souvenirs ». Son écriture est baroque et palpitante pour mieux secouer la fiction, faire chavirer la phrase et entrer dans un monde où David Lynch croiserait les frères Grimm. — Christine Ferniot

 

(1) Des vies d’oiseaux est paru en collection de poche, éd. J’ai lu, 250 pages, 7,60 €.

 

Ed. de l’Olivier 288 p., 19,50 €.

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