A l’automne 1977, Agnès Le Roux, héritière d’un célèbre casino niçois, disparaissait dans des circonstances mystérieuses. En 2014, lors d’un troisième procès, son ex-amant Maurice Agnelet fut condamné à vingt ans de réclusion criminelle par la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine. Au cours de cet ultime rendez-vous judiciaire, un revirement inouï marqua les esprits : longtemps soutien principal de Maurice Agnelet, son fils, Guillaume, accusa son père du meurtre, mettant à nu, et en direct, le secret de famille le mieux gardé de France. On croyait avoir tout lu sur cette affaire, un meurtre sans cadavre dont les médias ont nourri la chronique pendant trente-sept ans. On se trompait.
Avec La Déposition, la chroniqueuse judiciaire Pascale Robert-Diard replonge dans le volcan. Marquée par ce fameux témoignage qui fit tout basculer en 2014, la journaliste dénoue minutieusement le sac de noeud familial et décrit le long processus qui peut mener un homme à préférer la vérité destructrice au mensonge faussement protecteur. Pascale Robert-Diard n’a pas son pareil pour ausculter les tréfonds de la nature humaine sans avoir l’air d’y toucher ; pas une phrase plus haute que l’autre, pas d’effet de manche, de broderie littéraire, elle déroule les faits comme les âmes. Ce livre donne de l’ampleur à son talent de journaliste et, au fil des mots, on descend en rappel avec elle, au fond de gouffres brûlants. — Nicolas Delesalle
Ed. L’Iconoclaste, 240 p., 19 €.
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