Juste avant l’oubli

Ajouter un commentaire

Juste avant l’oubli

La très brillante Anne Zeniter doit aimer les défis. Passer d’un genre à l’autre, s’essayer à l’exercice de style. Après trois romans d’ambiances variées, et réussies, voilà que la normalienne de 29 ans invente de toutes pièces un défunt génie du polar, Gal­win Donnell, dont elle commente habilement oeuvres et personnages…

C’est justement au cours d’un séminaire sur le maître mystérieusement disparu en 1985 que se déroule sa nouvelle intrigue en forme de roman noir ; séminaire aux îles Hébrides, au large de l’Ecosse, où s’était réfugié le romancier misanthrope. Mais rien à voir là-bas avec les îles évoquées dans On purge bébé, de Feydeau. A Mirhalay, tout est mort et désolation ; ne survit à une population décimée par la peste que Jok, fils de l’ex-majordome de Donnell. C’est lui qui accueille les universitaires, sous la houlette d’Emilie, jeune chercheuse en charge des débats ; lui qui suscite peu à peu la drôle d’atmosphère sur l’île dévastée, abandonnée à l’océan. L’amour entre Emilie et son timide compagnon infirmier s’y diluera doucement : elle préfère sa thèse à l’enfant qu’il lui quémande. Les livres contre l’amour ? Mais si la littérature était un « Kama Sutra intellectuel ? » s’interroge Alice Zeniter. S’il n’y avait de meilleurs orgasmes que ceux éprouvés, en écrivant ou en lisant, par des auteurs ou des lecteurs que le rapport ordinaire au langage déçoit ? Paradoxe outré. Vite besogneux. Juste avant l’oubli est bien écrit, intelligent, avec un joli sens du suspense et de la chute, et du mariage des genres à la Houellebecq. Mais trop fabriqué pour être inspiré. — Fabienne Pascaud

 

Ed. Flammarion, 288 p., 19 €.

Commandez le livre Juste avant l’oubli

Laisser une réponse