Je suis si bien ici sans toi

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Je suis si bien ici sans toi

Pas si fréquents, les romans qui se passent dans le monde de l’art d’aujour­d’hui, en France, chez les trentenaires arty et autres bobos affiliés. C’est pourtant ce qu’a tenté et réussi avec peps et ironie la jeune Américaine Courtney Maum, 32 ans. Mariée à un Français, cette spécialiste de Michel Houellebecq — et qui en a le cynisme amusé — ­décrypte à merveille nos tropismes hexagonaux et les tics sentimentaux, esthétiques, ­sociaux de sa ­génération d’intellos branchés. Elle signe ici un ­allègre et tourmenté premier roman. Tourmenté, car son héros plasticien et anglais, Richard, ne se remet pas d’une liaison électrique avec une très sensuelle Américaine. Sa femme, avocate, élégante, riche, française et mère de leur délicieuse petite Camille, ne lui pardonne pas cette trahison. Elle ­décide de rompre. Richard part en miettes. D’autant qu’il ne se reconnaît plus non plus dans les oeuvres qu’il fait. Parce qu’elles commencent à trop bien se vendre ? Parce que leur concept, ou plutôt leurs trucs, finit par s’user ? ­­Le ton décapant de Courtney Maum évoque le talent de conteuse de Meg Wolitzer, son aînée américaine. Même capacité à saisir sur le vif les émotions, les sensations, les ridicules aussi. Dans les impuissances et les lâchetés de ses personnages, la romancière met aussi toutes les incertitudes et les doutes d’une époque où commence la guerre en Irak et où la politique internationale s’affole. Les désarrois amoureux et familiaux de Richard en sont l’étrange et captivant reflet. — Fabienne Pascaud

 

I am having so much fun here without you, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Sophie Troff, éd. Rue Fromentin, 350 p., 22 €.

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