Gravesend

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Gravesend

Pour fêter ses trente ans d’existence, et arborer son numéro 1 000, la collection Rivages/Noir et son éditeur historique, François Guérif, auraient pu jouer la carte du roman inédit d’un écrivain star, James Ellroy, Tony Hillerman, Dennis Lehane ou Donald Westlake… Préférence a été donnée à un jeune inconnu venu des Etats-Unis, William Boyle, nourri de David Goodis et Jim Thompson, et à son premier roman, Gravesend – nom du quartier du sud de Brooklyn où l’auteur a grandi. Pour l’éditeur, c’était un pari, et il est gagnant.

De l’autre côté du pont se dresse Manhattan, mais Gravesend est un autre monde. Un coin de la ville où se côtoient des Italiens, des Portoricains et des juifs. Les enfants ont grandi dans les mêmes écoles, rêvant tous de quitter les rues sales, les trottoirs défoncés, les appartements qui sentent le gin de mauvaise qualité. Alessandra était partie tenter sa chance à Hollywood, mais elle vient de rentrer chez son père. Ray Boy, lui aussi, est revenu, mais l’ancien caïd de banlieue a bien changé. Seize ans auparavant, avec sa bande, il adorait martyriser Duncan pour lui faire payer son homosexualité. Jusqu’au jour où, fuyant ses agresseurs, Duncan a traversé la voie rapide pour finir sous une voiture. Ray Boy est allé en prison, sachant que Conway, le frère de Duncan, l’attendrait à la sortie…

Les voilà rassemblés, amis et ennemis d’hier. Leur adolescence est aussi loin que leurs illusions. Gravesend les attire, les oblige à rentrer embrasser les parents et manger les pâtes à la tomate qui recuisent dans la casserole. William Boyle a construit son roman autour de cet attachement, ce magnétisme. Nés quelque part, ses personnages préfèrent y mourir – quitte à demeurer éternellement enfermés dans leur colère et leur remords. — C.F.

 

3T Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Simon Baril, éd. Rivages/Noir, 350 p., 8,50 €.

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