Fuck my cancer

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Fuck my cancer

Sauf à être atteint soi-même par un cancer, on aurait plutôt tendance à fuir les livres des malades, comme si le récit de leur pathologie pouvait, par con­tagion, instiller le malheur. On rit beaucoup, à la lecture du livre de Manuela Wyler, grande gueule ashkénaze bien décidée à ne pas s’en laisser conter : ni par les mandarins, ni par sa propre souffrance, qu’elle n’a de cesse de tourner en dérision. Il faut lire ses descriptions méticuleuses des examens médicaux, les e-mails qu’elle envoie à des médecins, interloqués de découvrir un cerveau au-dessus d’un corps malade. Manuela Wyler ne s’économise pas, elle balance, moque, décrypte, s’époumone devant la crétinerie des procédures médicales, enrage devant le manque d’humanité de ceux qui parfois la manipulent. C’est un rire intelligent que provoquent les mots de l’auteur, un rire qui donne envie à chacun de se battre, de résister autant à la maladie qu’à la bêtise. Dans Mars, l’écrivain Fritz Zorn avait transmuté son cancer, « la meilleure chose qui me soit arrivée dans la vie », en plongée névrotique et littéraire. Manuela Wyler, elle, transforme son cancer du sein en cri : pas un cri de douleur, pas un cri de rage, un cri de ralliement, une objurgation à vivre debout en dépit de tout. — Nicolas Delesalle

 

Ed. Fayard, 180 p., 14 €.

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