Esquisses

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Esquisses

Forme brève, inachevée : « On fait une esquisse pour saisir une idée, une chose vue. On la refait parfois pour mieux concevoir l’idée ou mieux voir la chose. » C’est sur ces simples mots que s’ouvre le nouvel essai du philosophe et sinologue, spécialiste de calligraphie, Jean François Billeter, né en 1939 à Bâle, en Suisse. Un petit livre composé de cinquante esquisses qui cheminent du politique — tour d’horizon de la crise actuelle, défense de l’idée d’un revenu citoyen — au philosophique.

L’auteur des Leçons sur Tchouang-tseu (2002), de Contre François Jullien (2006) et d’Un paradigme (2012) y affine son concept central d’« observation », laquelle nécessite une forme d’arrêt, de suspension : le fait de se rendre disponible à tout ce qui peut survenir autour de soi, d’entretenir un rapport immédiat au monde, de se concentrer sur le surgissement d’une émotion, d’un geste.

S’esquisse ainsi de page en page une originale philosophie du corps : « L’observation nous apprend que ce n’est pas la conscience qui pense, mais le corps », écrit l’auteur. La conscience n’est rien d’autre que le corps lui-même. Le penseur formule aussi une critique envers une conception négative de la liberté héritée des Lumières, qui croient que pour être libre l’homme doit se libérer de ce qui l’égare ou l’opprime. Jean François Billeter prône, à l’inverse, une conception de l’existence plus positive, qui cherche à rompre avec tous ces philosophes qui n’osent soutenir une « vraie rencontre avec l’inconnu » : « Bien vite les mots viennent se placer entre eux et la chose et leur font croire qu’ils ont vu la chose avant même de l’avoir rencontrée »… — Juliette Cerf

 

Ed. Allia, 128 p., 7,50 €.

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