De beaux jours à venir

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De beaux jours à venir

C’est d’abord un roman de paysages, de vastes espaces écrasants, sauvages et solitaires. L’Amérique rurale, la boue qui colle, la brutalité du climat et du ­travail qui fatigue les bras. Un monde de pick-up, de fusils et de valeurs viriles. Le roman parcourt ces espaces, de l’Etat de Washington à ceux du Texas et de l’Idaho, va et vient entre 1990 et 2010, porté par trois voix qui s’entremêlent : une femme battue par son mari, con­trainte de s’enfuir avec ses deux enfants, une gamine de 13 ans et un ado de 18 à peine. Seule la voix de la gamine s’exprime à la première personne, lucide et fragile. Les deux autres sont plus extérieures, mais jamais à distance, car l’auteur, dont c’est le premier roman, colle à l’ensemble de ses personnages, les traque dans leurs gestes autant que dans leurs émotions les plus secrètes, excelle à saisir les détails, les silences, les mouvements infimes.

Son roman, subtilement composé, mêle, strate après strate, présent et ­passé, dessine l’archéologie et la complexité des liens qui unissent cette famille bancale et fusionnelle. L’itinéraire du fils, seul bientôt sur les routes, rongé par la culpabilité d’avoir tardé à choisir entre son père et sa mère, confronté à une société peu encline à accepter son homosexualité naissante, domine le ­roman. Megan Kruse brosse le portrait intime d’une Amérique qui n’évolue guère. Proche encore de la brutalité de ses paysages. — Michel Abescat

 

Call me home, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Héloïse Esquié, éd. Denoël, 376 p., 21,90 €.

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