David Foster Wallace

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David Foster Wallace

La traduction en français de L’Infinie Comédie, le grand oeuvre de David Foster Wallace (1962-2008), paru aux Etats-Unis en 1996, a enfin permis de prendre la mesure de la place cruciale qu’occupe ce livre fleuve dans la culture américaine d’aujourd’hui : celle d’un authentique classique contemporain. Il ne fait pas de doute que la personnalité même de Wallace, version moderne de l’artiste tourmenté, et sa biographie tragiquement close en 2008 par un suicide, ont aussi contribué à lui conférer le statut d’écrivain culte.

C’est sans renier son admiration, mais sans jamais la laisser prendre le pas sur la précision des faits et la rigueur de l’analyse que le journaliste du New Yorker D.T. Max s’est attelé à cette excellente biographie, pointilleuse sur la chronologie, alimentée de nombreux témoignages, mais dont la qualité première est sans doute d’insister sur la trajectoire d’écriture de Wallace. D’inscrire fermement son oeuvre – trois romans dont l’inachevé Roi pâle, trois recueils de nouvelles et de nombreux recueils d’essais – dans le paysage littéraire américain des dernières décennies du XXe siècle et du début du XXIe, tout en soulignant combien elle fut en rupture avec le réalisme et le minimalisme (« le réalisme catatonique », se moquait-il) dominants.

D.T. Max s’emploie à souligner l’hétérogénéité du terreau dont s’est nourri le geste créatif de Wallace : la littérature, bien sûr, de Dostoïevski à DeLillo, en passant par les postmodernes (Bartelme, Barth, Pynchon…) ; la philosophie, notamment Wittgenstein ; mais aussi la culture populaire, principalement véhiculée par la télévision dont il fit toute sa vie une consommation vorace. Se dessine aussi, au fil des pages, le portrait poignant d’un enfant puis d’un homme aussi surdoué que profondément souffrant et dépressif. Un esprit saturnien qui confiait : « Dans les heures les plus sombres, la définition d’une oeuvre de qualité est celle qui circonscrit et ranime, au bouche-à-bouche si besoin, ce qu’il reste d’humain, de magique, de rayonnant en dépit de l’obscurité. » — Nathalie Crom

 

Chez le même éditeur paraît le recueil de nouvelles L’Oubli (traduit par Charles Recoursé), et, au Diable Vauvert, l’essai Rappeurs de sens, écrit à quatre mains par David Foster Wallace et Mark Costello (traduit par Diniz Galloz).

 

David Foster Wallace, de D.T. Max, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jakuta Alikavazovic, éd. de l’Olivier, 440 p., 25 €.

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