Chanson douce

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Chanson douce

Le roman de Leïla Slimani s’ouvre sur un cri affreux, celui d’une mère. La narratrice ne nous prend pas en traître en révélant, dès le premier chapitre, l’assassinat de deux enfants et la tentative de suicide de leur nourrice « qui n’a pas su mourir »… Retour en arrière : après la naissance du deuxième enfant de Paul et Myriam, la jeune femme souhaite retravailler et se met en quête de la nounou parfaite. Quand Louise apparaît, avec son visage « comme une mer paisible », elle sait qu’elle l’a trouvée. La fée du logis s’installe donc dans l’appartement et comble les fantasmes de famille idéale : enfants calmes et bien peignés, ménage tenu au cordeau, dîner préparé. Au fil des mois, Louise apprivoise chacun, se rend indispensable. De discrètes notes discordantes se font pourtant entendre : l’étrange impassibilité de Louise et sa solitude, la course éperdue de Myriam écartelée entre amour maternel et désir de réussite. Derrière les apparences se cachent les préjugés, les différences sociales — et l’implacable délire d’une femme qui, peu à peu, ferme la trappe qu’elle a creusée. Chanson douce n’est pas un thriller pourtant, plutôt une fable tragique. Comme dans son premier roman, Dans le jardin de l’ogre (2014), Leïla Slimani exclut toute sentimentalité. Elle nous tient en haleine, maîtrisant cette Chanson douce qui glisse inéluctablement de la comptine pour bien dormir à l’âpre description de scène de crime. — Christine Ferniot

 

Ed. Gallimard, 230 p., 18 €.

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