Brève Apologie pour un moment catholique

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Brève Apologie pour un moment catholique

« Ils croient dur comme fer que donner vaut mieux que recevoir ; que se conserver à tout prix conduit à se perdre et, réciproquement, que se perdre permet de sauver et de se sauver ; que la mort peut mener à la vie en plénitude. » Qui sont-ils ? Les catholiques, sujet du nouveau livre de Jean-Luc Marion, qui précise n’être ni sociologue ni évêque. Juste un croyant comme un autre qui cherche à vivre dans l’imitation du Christ, pour se convertir à la vie de l’Esprit et s’adonner au don de la charité de Dieu. Le spécialiste de Descartes, élu à l’Académie française en 2008, au fauteuil du cardinal Lustiger, a troqué le « Je » philosophique pour embrasser un « nous, les catholiques français », et réfléchir au « rôle » que ceux-ci devraient jouer « dans le destin de la France », pays qui compte 42 250 églises. « N’ayez pas peur de nous ! » implore l’auteur dès les premières pages, sachant manier l’humour, notamment en épinglant ces accessoires « intégristes » que seraient le serre-tête, le loden vert et la poussette !

Plus sérieusement, écrit Jean-Luc Marion, parce que la religion catholique a déjà enduré l’épreuve de la séparation (ici préférée au terme de laïcité), « il se pourrait que, contre toute attente et toutes les prédictions des sages, des experts et des élites supposées, nous allions au-devant d’un extraordinaire moment catholique de la société française. Ou plutôt, il se pourrait qu’un tel moment, décidément hors de portée du pouvoir et de la rationalité positiviste de la politique contemporaine, constitue la seule option raisonnable qui nous reste ». Le penseur suggère ainsi à la communauté française de s’adonner à la communion, gage d’universel et seule issue possible à cette « décadence immobile » qui nous guette, ce « nihilisme »« tourbillon qui nous aspire », « crise de la crise » dont on ne pourra sortir sans s’unir. « La communion permet et provoque la communauté comme le premier bien, un bonum nullius, un bien qui n’appartient à personne et qui peut donc se rendre accessible à tout un chacun. » Vraiment ? — Juliette Cerf

 

Ed. Grasset, 128 p., 15 €.

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