D’emblée, dans ce passionnant recueil, Michel Zink, philologue et grand spécialiste des temps médiévaux, se penche sur « la voix amoureuse des femmes » et leurs chansons à danser, tantôt provocantes, tantôt douloureuses. Puis il revient sur l’épopée nationale que constitue La Chanson de Roland, écrite à la fin du xie siècle. Apparaît bientôt le premier troubadour, Guillaume IX, exprimant son adoration « à la fois respectueuse et brutale, transgressive et codifiée de la femme aimée », précise le professeur au Collège de France, qui préfère le sourire à l’austérité pour faire entrer de plain-pied ses lecteurs dans la forêt de Brocéliande ou à la cour du roi Arthur.
Quarante chapitres courts et denses composent cet ouvrage. A l’origine, il y eut une série d’émissions diffusées l’été dernier sur France Inter, partant de quoi Michel Zink a repris ses notes pour composer une brève histoire du Moyen Age, un voyage dans ce pays lointain où l’on croise des reines audacieuses et de vaillants chevaliers. Il pose de savoureuses questions, par exemple pour aborder Chrétien de Troyes, « L’amour conjugal est-il romanesque ? » : « Il y a tant de romans qui s’achèvent sur un mariage ! Il y a tant de romans de l’adultère ! Et il y a si peu de romans de l’amour conjugal ! Erec et Enide de Chrétien de Troyes en est un très rare exemple. C’était au xiie siècle. » Pour approcher la quête du Graal, il convoque Indiana Jones, les Monty Python, et même un directeur chez PSA Peugeot Citroën… La poésie est partout, dans cet ouvrage sérieux et fantaisiste, écrit avec la volonté de transmettre une passion. Un pari réussi. — Christine Ferniot
Ed. des Equateurs/France Inter, 184 p., 14 €.
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