Baïkal-Amour

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Baïkal-Amour

Au seuil du voyage lui vient cette interrogation teintée d’un feint regret : « On se demande pourquoi on n’est pas allé se balader en Océanie… » De fait, toujours les pas d’Olivier Rolin le ramènent en Russie, tantôt à l’ouest, tantôt à l’est de l’Oural, jusqu’aux confins de l’ancien empire, jusqu’à l’île de Sakhaline où se rendit jadis le docteur Tchekhov afin de témoigner de l’horreur qui régnait au bagne. Sakhaline, terme du présent voyage d’Olivier Rolin, une île et aussi une ville à laquelle l’écrivain trouve ­aujourd’hui « presque l’air d’une petite ville américaine » : des jardins publics, des jets d’eau, de larges avenues au macadam lisse… Tout le contraire du paysage défait que Rolin vient de traverser en train, sur la voie ferroviaire nommée Baïkal-Amour Magistral (BAM). Ce qui, en Russie, aimante Olivier Rolin, c’est la conjonction entre l’espace incommensurable et l’empreinte poignante qu’y a laissée l’Histoire, « cette inscription de la Terreur dans le paysage — urbain, industriel, mais même naturel ». Sous le présent exténué dont l’écrivain rend compte — l’interminable taïga, les « forêts infinies » de bouleaux ou de cèdres nains, les villes délabrées — affleure un passé tragique : Staline, l’Etat totalitaire, la Grande Guerre patriotique, les persécutions, le goulag, les exécutions. Au total, des millions de vies saccagées qui hantent ce beau et grave récit de voyage, comme chacun des précédents périples russes d’Olivier Rolin. — Nathalie Crom

 

Ed. Paulsen, 192 p., 21 €.

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