Algorithme éponyme et autres textes

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Algorithme éponyme et autres textes

Babouillec et Hélène Nicolas sont les pile et face d’une même personne « très déclarée sans paroles », comme elle se définit elle-même dans ce recueil de poèmes en forme de big bang. Comment ne pas être fasciné par cette jeune autiste d’aujourd’hui 30 ans, qui se mit à créer de la poésie alors qu’elle ne savait encore ni lire ni écrire ni parler ? La cinéaste Julie Bertuccelli vient de lui consacrer un documentaire fort, Dernières Nouvelles du cosmos. Il y eut Antonin Artaud. Il y a Babouillec. Il y eut Ghérasim Luca. Il y a Hélène Nicolas. Cette poétesse de l’urgence et de la stridence est une grande. Elle a sorti le langage de ses entrailles et livre en vrac un magma constitutif d’une grande beauté. Tripale et cérébrale – de toute façon, tout se mélange pour ne faire qu’un chez cet être omniscient -, son écriture dévaste et réveille. Elle dit la certitude de son bon droit, le fourvoiement des normo-pensants, le mystère d’être en vie, « étonnant voyage déboussolant sans départ défini où l’instant fait table rase avec l’idée d’une autre dimension que soi-même ». Elle alpague, implacable, s’excuse de ses manquements tout en absolvant l’humanité entière : « Je demande pardon aux idéalistes bâtisseurs de la reluisance de ce monde de me présenter comme une tache sombre défiant le réglage de la mécanique. » Malgré la violence des mots et leur agencement en rafale, une grande paix se dégage de cet art brut poétique. Le soulagement apporté par l’écriture illumine chaque mot. La boule à cris de Babouillec est à la fois une pelote douce et un boulet de canon. — Marine Landrot

 

2T Algorithme éponyme et autres textes, éd. Rivages, 140 p., 15 €.

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