Alcoolique

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Alcoolique

Jonathan Ames aime raconter des histoires. Enfin, surtout celles qui ont trait à sa vie : des plans foireux, des idylles qui tournent au vinaigre, des épisodes pas très glorieux dont ce New-Yorkais tire la matière de ses romans (publiés en France chez Joëlle Losfeld). Etonnamment, ce dandy de Brooklyn, qui hante les salons de lecture et fricote également dans les milieux du cinéma et des séries (il est le créateur de la très remarquée Bored to death sur HBO), n’a pas pris la grosse tête. Pétri de sensibilité et d’autodérision, plus tendre qu’acide, toujours juste, son regard a aussi, comme le disait Voltaire, « la politesse d’être gai ». Ames ne fait pas mystère de ses états d’âme, de ses petites et grandes misères, mais ne s’y appesantit pas.

Alcoolique, son premier roman graphique, que Dean Haspiel a mis en images est, si l’on peut dire, de la même eau. Exempte de moralisme et de ­repentir, cette confession où l’auteur raconte sa dépendance à l’alcool se lit comme un roman d’apprentissage. On s’attache très vite à ce grand type maladroit qui, dès l’adolescence, découvre l’incandescence de l’ivresse et le vomi des petits matins difficiles, sans que ses proches s’en rendent compte. Habile à donner le change, le fils de famille, sportif émérite et diplômé d’une grande université, se retrouve, après quelques verres, dans des situations où le sordide le dispute au cocasse. Comme Bukowski, mais en col blanc, Ames a le talent de relater sans choisir, ni travestir, en mettant au même ­niveau le rire, la merde et les larmes. Le noir et blanc efficace et contrasté de Dean Haspiel fait le reste. Une mise à nu simple et touchante. — Stéphane Jarno

 

The Alcoholic, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Fanny Soubiran, éd. Monsieur Toussaint Louverture, 144 p., 22,50 €.

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