A Rome avec Nanni Moretti

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A Rome avec Nanni Moretti

Quiconque a vu Journal intime (1993) n’oubliera jamais la balade en Vespa dans la Rome déserte de Moretti s’autofilmant. Son regard panoramique sur les façades des habitations, l’éloge de son quartier préféré (la Garbatella), sa joie et sa légèreté estivale qui lui font fanfaronner « Je suis un splendide quadragénaire », avant la montée de mélancolie imprégnant le plan-séquence d’anthologie, le long de la mer, à Ostie, vers le monument érigé à la mémoire de Pasolini, ont dessiné une autre ­cartographie romaine. A l’instar de ­Rivette avec son Paris et de Lynch avec son Los Angeles, l’auteur de Mia madre est indissociable de Rome, qu’il a filmée avec le plus grand soin dans pratiquement tous ses films. En choisissant des endroits méconnus, hors des sentiers battus, cachés, intimes, souvent silencieux, propices à la méditation, la romance ou la solitude. Iles urbaines, rues, places, fontaines, terrasses, pâtisseries, bancs publics, tout cela est ­revisité dans cet ouvrage délicieux, croisant le guide peu touristique, la ­flânerie littéraire et le jeu de piste cinéphile. Film par film, les deux auteurs recensent les lieux mis à l’honneur par le cinéaste et s’y rendent, en décrivant l’atmosphère et la spécificité des quartiers, en reprenant le chemin emprunté par les protagonistes.

La qualité de la lumière, la perspective que dégage telle ou telle rue, le rappel frissonnant d’une époque ancienne. C’est une cité romaine éminemment personnelle qui est ici évoquée. « Je ne choisis pas les lieux […] en fonction de leur réputation, y explique le cinéaste, je dois avant tout m’y sentir bien. Ce qui compte, c’est la familia­rité, la chaleur, l’acoustique, les bruits. Quand je trouve un endroit qui me plaît, je l’adopte et je ne vais plus que là. » ­L’ouvrage, qui s’achève sur une con­versation paisible avec Moretti, donne grande envie de partir illico presto vers la ville aux sept collines, comme de (re)découvrir Ecce bombo, Bianca ou La messe est finie. — Jacques Morice

 

A Roma con Nanni Moretti, traduit de l’italien par Karine Degliame-O’Keeffe, éd. Quai Voltaire, 176 p., 17,50 €.

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