10 Jours dans un asile

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10 Jours dans un asile

C’est son Tour du monde en 72 jours (1,) réalisé fin 1889, qui a valu à Nellie Bly sa postérité outre-Atlantique comme icône de la lutte pour l’émancipation des femmes et pionnière du journalisme d’investigation. Dès 1887 – elle avait 23 ans -, à l’instigation de Joseph Pulitzer, alors patron du New York World, Nellie Bly entreprit de se faire interner au sinistre Blackwell’s Island Hospital, un asile pour femmes implanté sur une île proche de Manhattan. La courageuse et piquante Nellie Bly raconte de quelle façon elle ouvrit une parenthèse dans son existence en entreprenant de se faire passer pour mentalement dérangée afin qu’un juge la déclare bonne à enfermer. Le récit enlevé que fait Nellie Bly de la façon dont elle endosse ce rôle de composition prête même souvent à sourire, jusqu’au moment où s’ouvrent les portes de l’asile qu’elle franchit en compagnie d’une malheureuse protestant en vain contre l’enfermement qui l’attend. « Je compatissais tant à sa douleur !, écrit Bly. Je résolus à cet instant de mettre ma mission au service de mes soeurs en souffrance et de révéler les conditions parfaitement arbitraires de leur internement. » Outre cette injustice, son article poignant révéla les violences faites aux malades au sein de l’établissement : les humiliations et les négligences, la saleté des lieux, la nourriture infecte, le désoeuvrement et l’ennui… Le compte rendu de Nellie Bly amena la justice à se pencher sur la gestion de l’hôpital et la ville de New York à en revoir le budget à la hausse. Nellie Bly y gagna d’avoir inventé le stunt journalism, ou journalisme infiltré. — Na.C.

 

(1) Le livre paraîtra l’an prochain, ainsi que Six Mois au Mexique.

 

2T 10 Jours dans un asile (Ten Days in a mad-house), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Hélène Cohen, éd. du Sous-sol, 128 p., 14 €.

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