Sweetgirl

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Sweetgirl

Telle une reprise du Petit Poucet, version survitaminée, Sweetgirl n’est pas une promenade de santé mais une poursuite infernale dans le grand nord du Michigan. Là-bas, la terre est trop dure pour qu’on y enterre les morts, lesquels se multiplient pourtant au fil des pages, dealers et braves types, drogués et victimes du hasard. Percy, 16 ans, n’a pas vraiment eu d’enfance, elle s’est occupée de Carletta, sa mère, qui alterne avec conviction les shoots et les verres d’alcool. En la cherchant, une fois de plus, à la ferme de Shelter, un de ses pourvoyeurs, Percy tombe sur un bébé, une petite fille oubliée par ses parents dans une chambre glacée. Commence alors une longue cavale dans la neige et un conte pour adultes avec quelques ogres, un loup et un temps de chien… Dans son premier roman, où le froid est moins meurtrier que les hommes, l’Américain Travis Mulhauser — cousin littéraire de Daniel Woodrell (Un hiver de glace, éd. Rivages/Noir) — développe une tendresse bourrue pour ses personnages. Percy, son héroïne bouleversante, est une fille qui a grandi trop vite et qui n’a pas peur de grand-chose. Derrière cette course dans la montagne, l’auteur décrit une Amérique rongée par la méthamphétamine — la « crystal meth », appelée « la cocaïne des pauvres ». L’écriture est aussi coupante que la glace, les dialogues, âpres, et l’alternance des points de vue fait surgir une drôlerie inattendue. Quant à Percy, sorte de fée marraine d’une mini Cendrillon, elle transforme cette traque crépusculaire en leçon de vie sans concession. — Christine Ferniot

 

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Sabine Porte, éd. Autrement, 400 p., 21 €.

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