Starlite Terrace

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Starlite Terrace

Quatre gros chapitres zébrés de souvenirs de cinéma. Quatre personnages vieillissants hantés par Hollywood. Rescapés de Hollywood. Ils y ont travaillé ; ou leurs parents. Ils ont été comédien, producteur, scénariste, scripte. Ils ont approché les vedettes — de Gary Cooper à Marilyn Monroe — et demeurent à Los Angeles. Ils fréquentent le même bistrot — Noah’s —, habitent dans la même vieille bâtisse. Ils y gardent fiévreusement leurs secrets, leurs déchirures. Car ils en ont, ces exclus du rêve hollywoodien, qui jamais ne furent stars mais vécurent désespérément dans leur ombre. Ils s’appellent Rex, Moss, Gary, June. Ils confient successivement au narrateur ami et voisin leur mémoire encore meurtrie par un passé désolé. La faute à des parents absents ou assassins, à des femmes cruelles. Vivant lui-même à L.A., l’Allemand Patrick Roth, 62 ans, égrène ces quatre destins en spectateur d’un film pathétique et sublime. Avec leurs vies brisées, Rex, Moss, Gary et June pourraient être des héros de Frank Borzage ou de Todd Haynes. Eux-mêmes vivent de cinéma, ont calqué des pans entiers de leurs vies sur quelques séquences mythiques qu’ils évoquent à l’infini, réinventent au besoin. Comme si elles avaient décidé de leurs existences. Du rêve et de la réalité… Jusqu’à quel point est-on responsable du film chaotique de sa propre vie ? Qu’est-ce que certaines images, certaines situations y ont chahuté à jamais ? Les cinéphiles se réjouiront à la lecture de cet ouvrage mélancolique et sec à la fois, qui évoque, en scènes étonnamment visuelles et pleines de clins d’oeil cinématographiques, des parcours dérisoires et grandioses sur fond de Sunset Boulevard. Ils s’enchevêtrent, se répètent tout en se faisant écho. Le charme, envoûtant, y est amer.— Fabienne Pascaud

 

Traduit de l’allemand par Olivier Le Lay, éd. Le Bruit du temps, 176 p., 19 €.

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