Soyez imprudents les enfants

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Soyez imprudents les enfants

Fillette mélancolique avec une sévère propension à saigner du nez, Atanasia Bartolome quitte brusquement l’enfance lorsqu’elle découvre la peinture de Roberto Diaz Uribe, un matin de juin 1983, au musée de Bilbao. « Atanasia avait 13 ans. Un âge pour les énigmes », précise Véronique Ovaldé, mettant en scène son héroïne bouche bée devant un tableau où figure une femme nue dans un décor de carrelage bleu. La gamine veut en savoir plus sur cet artiste qui a soigneusement orchestré sa disparition. A 18 ans tout juste, Atanasia laisse derrière elle Bilbao pour découvrir la vérité sur Roberto Diaz Uribe, échapper aux discours de sa mère, vivre à Paris dans une chambre de bonne et rencontrer un Russe qui a ­l’alcool complaisant, voire agressif.

Voici la première histoire de ce livre plein de tiroirs mystérieusement fermés. Il faut y ajouter l’arbre généalogique de la famille Bartolome, sur fond d’Espagne franquiste, de légendes et de morts suspectes. « Soyez imprudents les enfants » est le principal conseil donné aux jeunes Bartolome au moment de quitter le nid. Atanasia en fait son miel, bien décidée à prendre son destin en main et à changer le cours de l’histoire si cette dernière ne lui convient plus. Roman de formation, d’apprentissage, tourbillon permanent porté par l’écriture fantasque et musicale de Véronique Ovaldé, ce roman contient toutes les obsessions de son auteure. En version survitaminée, car Atanasia est une impatiente, doublée d’une obstinée. Et ce qu’elle découvre fait tanguer ses convictions. Au-delà des mensonges familiaux et des silences pesants se cache la mort d’une enfant déterminée à quitter le monde.

Là voilà bien, Véronique Ovaldé, triste et gaie, volubile et mutique, sachant donner un soupçon de réalisme magique à une histoire de solitude et de coma volontaire. Soyez imprudents les enfants est tantôt un conte, tantôt une injonction que brandit la romancière. Tel un conseil ultime pour survivre dans un monde où il est préférable de jouer les sorcières plutôt que les belles au bois dormant. — Christine Ferniot

 

Ed. Flammarion, 350 p., 20 €.

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