Petites Scènes capitales

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Petites Scènes capitales

Il n’y a que 49 « Scènes capitales ». Pas 50. Pas de chiffre rond pour cette histoire familiale tortueuse. Mais finalement sereine, toute délicatement découpée qu’elle est, donc, en ces 49 tableaux-photos impressionnistes frémissant d’ombres et de lumières, de deuils et de renaissances. Sylvie Germain sait l’art de conter des fables mélancoliques qui nourrissent nos chemins. Le destin de sa dernière héroïne, Lili (ou Barbara ?), n’a rien d’exceptionnel. C’est autour d’elle, dès sa naissance, que les événements sont terri­bles. Sa mère l’abandonne puis se suicide ; son père se remarie avec un ancien mannequin déjà nanti de quatre enfants de lits différents — dont des jumelles. Elle provoque la mort de l’une d’elles en voulant les prendre en photo. Tout s’effondre alors. L’autre jumelle fuit, le fils unique renonce à sa vocation religieu­se, la fille aînée refuse la fillette sans bras ni jambes qui lui naît peu après. Lili-Barbara assiste en silence à cette apocalypse, dont ce double prénom qu’elle revendique est encore un signe…

Petites Scènes capitales conjugue les tragédies. Politique, familiale, amoureuse. Mais qu’elle évoque les camps et Mai 68 — parfois naïvement —, qu’elle décrive la quête obstinée de l’amour chez ces abandonnés de la tendresse, Sylvie Germain n’est jamais aussi poignante que lorsqu’elle se penche sur les mille et une rédemptions possibles. Parce qu’ils sont sensibles à la nature ou à l’art, ouverts à leurs échos infinis, ses handicapés de l’être comme du corps trouvent les voies de l’harmonie. Malgré leurs souffrances. Et de mot en mot, ou plutôt de note en note, l’écriture de la romancière les accompagne de sa grâce amie. Se fond dans les paysages et les esprits. Devient l’ondoyant et apaisant reflet des coeurs et des âmes. — Fabienne Pascaud

 

Ed. Albin Michel, 248 p., 19 €.

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