Petit Piment

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Petit Piment

« En ce temps-là, toujours, on m’appelait Petit Piment, j’étais maigre comme un clou, assez grand de taille toutefois pour qu’on m’attribue plus que mon âge, je vivais dans la lune », écrivait Alain Mabanckou dans un article confié à Courrier international en juillet 2009. Intitulé « Mes amours d’antan », ce texte autobiographique évoquait, à travers un hommage à Brassens, l’auteur en gamin des rues de Pointe-Noire, la capitale économique du Congo, visiteur assidu de « Maman Benz, maquerelle notoire des prostituées du quartier Trois-Cents ». Qu’on ne s’y trompe pourtant pas. A la différence du précédent, Lumières de Pointe-Noire (2013), le roman qui paraît aujourd’hui n’est pas autofictionnel, même s’il puise largement dans les souvenirs d’enfance de l’auteur. Petit Piment tient plutôt de la fable et rappelle dans la forme Verre Cassé (2005) et Mémoires de porc-épic (2006).

Portraits vivement troussés, rythme alerte, langue pétillante et inventive : Petit Piment est ainsi un nouveau délice dont Alain Mabanckou a le secret. Il met en scène un gamin, frère de l’Oliver Twist de Dickens, le suit de l’orphelinat aux rues de Pointe-Noire, puis auprès de « Maman Fiat 500 » et de ses dix filles, toutes plus belles les unes que les autres. Conteur habile et inspiré, Mabanckou est aussi un observateur aigu de la société congolaise. A travers les pérégrinations de Petit ­Piment, c’est l’histoire de ce pays, dans les années 1960-1970, l’indépendance, la révolution socialiste que le lecteur découvre en filigrane. Et, au-delà du destin de quelques personnages, la cor­­ruption, les conflits ethniques, la pauvreté, la condition des femmes. A plusieurs reprises, le texte emprunte à Georges Brassens. Il en a la liberté, la gouaille et le charme entêtant. — Michel Abescat

 

Ed. du Seuil, 288 p., 18,50 €.

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