Peine perdue

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Peine perdue

Pour la première fois depuis Je vais bien, ne t’en fais pas, son premier roman, Olivier Adam a choisi de ne pas écrire à la première personne, d’abandonner le « je » au profit du « il » ou du « elle ». Sans intention de prendre ses distances vis-à-vis de ses personnages, mais au contraire pour se mettre clairement dans la position du porte-parole.

Du témoin d’une petite communauté d’une vingtaine de personnes liées par un territoire – une station balnéaire au bord de la Méditerranée – où les chemins des uns et des autres se croisent, se rencontrent, se nouent et se dénouent. Une sorte de ronde se met ainsi en place, chaque chapitre se focalisant sur un des protagonistes. Antoine, ancien mécanicien, le seul à revenir deux fois pour ouvrir et fermer le cercle, Marion, son ex, Coralie qui travaille avec elle dans un hôtel, etc.

Ces courts portraits à la pointe sèche, écrits à dessein dans le même style janséniste, sont bouleversants de justesse et de précision. Toutes ces voix finissent par n’en former qu’une seule, composent un chant qui enfle peu à peu et donne à entendre ceux qui n’ont jamais la parole, cette France invisible que l’on semble découvrir à chaque élection quand claquent les scores de l’abstention et du Front national.

Comme dans Passer l’hiver, son recueil de nouvelles paru en 2004, Olivier Adam dit la grisaille des jours qui défilent dans le même uniforme, les vies en cage, les espoirs rabotés, les amours étouffées, la mort en embuscade. Inconsolable mélancolie. Mais si le regard n’a rien perdu de sa tendresse, le ton s’est durci, plus âpre, plus urgent, à l’image de la colère, de la violence qu’il traduit. Et qui trouve leur métaphore dans la tempête soudaine et sauvage qui balaie la station balnéaire où chaque personnage tente de survivre.

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