Ô chevaux, la lumière est pourtant innocente

Ajouter un commentaire

Ô chevaux, la lumière est pourtant innocente

Le clan des adeptes de Hideo Furukawa a grossi lors du Salon du livre 2012, à Paris, quand il participa, sous son éternel bonnet de laine, à un débat sur sa terre natale, Fukushima. Au bout de dix minutes, les visiteurs se sont agglutinés autour du stand. Quelle était cette rumeur, tour à tour murmurée, tonitruante, apeurée, colérique ? La voix de Hideo Furukawa, scandant sa propre œuvre, Alors Belka, tu n’aboies plus ?, en japonais dans le texte. Comment une lecture en version originale, dans une langue incomprise de la plupart, put-elle pétrifier les foules à ce point ? Par le charisme de l’auteur, rompu aux « performances » depuis la catastrophe du 11 mars 2011. Agité de spasmes, recroquevillé sur son micro comme un foetus sur son cordon ombilical, la voix d’outre-tombe ou d’outre-berceau, Hideo Furukawa a exposé son cerveau en fureur, et tout le monde en est resté coi. Un an plus tard, donc deux ans après la catastrophe, il faut lire son nouveau livre avec les oreilles. Réflexion, improvisation, rumination ? Ce roman inclassable est le pèlerinage physique et spirituel d’un homme en terre irradiée. Hideo Furukawa parle comme personne de la solidarité aveugle et intrépide de son pays, proche selon lui du suicide collectif. « Malgré mon état de rupture de pensée, je remplace la réalité par des mots », écrit-il, prouvant que la littérature reste intouchée, porteuse d’espoir. Truffé d’allusions à ses anciens romans, d’évocations historiques et de partage sensitif autour des animaux de Fukushima, prédominants dans son œuvre, ce livre glace et déroute, au vrai sens du terme, pour cheminer vers la liberté, aussi solitaire soit-elle.

Commandez le livre Ô chevaux, la lumière est pourtant innocente

Laisser une réponse