 20,90 € Roman (broché) | Mascarade Gabriel Chevallier Mobilisé en 1914, décoré de la croix de guerre, Gabriel Chevallier (1895-1969) exerça de nombreuses professions une fois revenu à la vie civile (journaliste, dessinateur, représentant de commerce, petit industriel), jusqu’au succès de Clochemerle, en 1934, qui lui permit de se consacrer entièrement à la littérature. « Un déclic sec le fit sursauter. Il se retourna. Ça venait du râtelier de la vieille. La bouche ouverte, on eût dit qu’elle crachait de grandes dents jaunes, plantées dans une matière plastique d’un rose fade. Elle était laide et grotesque. Le sang qui coulait de la blessure et gagnait sur le linoléum faisait à sa tête une auréole sirupeuse, comme d’une gelée de groseille qu’on aurait répandue. Les yeux de la vieille, ouverts également, le regardaient avec une expression de colère. Il pensa que c’était à cause de l’argent qu’il tenait à la main et qu’elle pouvait encore se rendre compte. Il fourra rapidement les billets dans sa poche. Au point où en étaient les choses, il était important que la vieille fût bien morte. Si elle en réchappait, elle donnerait son signalement. Il reprit son marteau et s’approcha, penché. Mais il rencontra les yeux durs, fixés sur lui. En dessous, le râtelier à demi sorti, qui distendait les joues cireuses, dessinait un sinistre ricanement de tête de mort. » Un colonel détesté de son vivant qui devient populaire après sa mort, une tante autoritaire au cou immense redoutée pour ses « vents », un assassin hanté par son crime, un contrevenant peu ordinaire, un septuagénaire aux décisions contradictoires… Initialement publié en 1948, Mascarade épingle avec brio les mille et uns travers de l’âme humaine. Gabriel Chevallier n’a pas son pareil pour faire naître des caractères appelés à une vie durable. Mise au service de l’observation méticuleuse des passions et des travers humains, sa liberté d’écriture enchante. |
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