Les Ecrivains et le fait divers

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Les Ecrivains et le fait divers

C’est pour tenter de « mieux cerner le mouvement d’attraction-répulsion qui a uni le fait divers et la littérature au fil des siècles » que Minh Tran Huy, critique et romancière, a entrepris cette immersion dans l’histoire littéraire. Avec en tête les fameuses réflexions de Barthes s’interrogeant sur la fascination qu’exercent sur nous ces « nouvelles informes » qui toujours, profondément, renvoient « à l’homme, à son histoire, à son aliénation, à ses fantasmes, à ses rêves, à ses peurs ». Et dont les ressorts narratifs ne sont pas sans lien avec ceux de la tragédie et « la présence d’un fatum – une fatalité inexorable qui broie les êtres quelles que soient les tentatives pour en dévier le cours », ajoute l’auteur.

Sa démonstration l’entraîne à s’attarder, dans un premier temps, au XIXe siècle, ère du développement de la presse populaire et du roman-feuilleton, puis de la naissance et de l’essor du roman policier, enfin de l’avènement du roman réaliste. Au XXe siècle, le chapitre consacré à la fascination que le fait divers a suscité chez les surréalistes est l’un des plus réussis de l’essai, qui avance peu à peu, via Beauvoir, Genet, Duras, vers les très contemporains Carrère (L’Adversaire), Jauffret (Sévère, Claustria…), Jablonka (Laëtitia ou la fin des hommes) ou encore Mauvignier (Ce que j’appelle oubli)… Si le parti pris de l’auteur de mettre en récit le processus de sa propre réflexion n’est pas toujours très convaincant, la somme de ses relectures suscite maintes pistes de réflexion pertinentes. — Na.C.

 

Les Ecrivains et le fait divers, de Minh Tran Huy, éd. Flammarion, 320 p., 21 €.

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