Les Derniers Jours de Paris

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Les Derniers Jours de Paris

Journaliste britannique d’origine russe, Alexander Werth (1901-1969), alors correspondant du Manchester Guardian, est à Paris lors des jours qui précèdent l’arrivée des Allemands, en 1940. Son Journal, qu’il tient du 10 mai au 20 juin, est non seulement un remarquable document intime sur cette période tragique, mais aussi le témoignage d’un intellectuel européen qui connaît parfaitement la politique française et suit l’évolution de l’état d’esprit des habitants. Werth marche beaucoup, observe les statues protégées par des sacs de sable, discute dans les cafés, voit les colonnes de réfugiés belges, hagards et abattus. Si, par conscience professionnelle, il se rend aux conférences de presse du ministère de la Guerre qui abreuve les journalistes d’euphémismes mensongers sur le cours des événements, et bataille avec la Censure pour envoyer ses papiers, il analyse aussi avec finesse toutes les raisons pour lesquelles la France est ainsi, et si rapidement, vaincue : l’antiparlementarisme rampant, l’action délétère des ligues d’extrême droite, le « plutôt Hitler que le Front populaire », le pacifisme et l’impréparation militaire. « Les ministres français n’ont-ils pas encore compris qu’il s’agit d’une guerre différente ? » note-t-il. La fameuse ligne Maginot, bâtie sur les souvenirs d’une guerre passée, ne sert à rien. La guerre moderne — dont Werth relève que le colonel de Gaulle a compris les nouveaux enjeux — submerge l’état-major français. Et devant la débâcle, tous ne peuvent qu’invoquer les troupes britanniques et la Royal Air Force, pour les appeler à l’aide ou les insulter par réflexe anglophobe. Le 20 juin, Werth quittera Paris pour lequel il éprouve « une infinie tendresse » et rejoindra Falmouth. En relisant Péguy, qui « raffermit [sa] foi en la France ». — Gilles Heuré

 

Ed. Slatkine & Cie, 288 p., 20 €.

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