Les Cahiers d’Esther

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Les Cahiers d’Esther

Encapsulate. Sans équivalent dans la langue de Molière, ce joli mot anglais, qui signifie à la fois attraper, enfermer et préserver, va comme un gant à Riad Sattouf. Le dessinateur n’a pas son pareil pour capter l’air du temps, les tics et la musique d’une époque, et surtout en saisir le meilleur profil. Il sait fixer le geste, l’attitude, la mimique qui fait tout ressentir sans besoin d’expliquer. Prenez Esther, sa nouvelle héroïne, un coup d’oeil suffit pour l’identifier et ne plus l’oublier. Chaque semaine depuis fin 2014, dans les pages de L’Obs, cette petite brune de 9 ans raconte son univers : son père prof de gym, qu’elle adore, l’école à Paris, ses copines Eugénie et Cassandre, les garçons grossiers et obsédés, Raiponce, un film qu’elle peut regarder la tête à l’envers tant elle le connaît par coeur, et puis toutes ces « stars », Beyoncé, Shakira, Tal, si belles et tellement souples, auxquelles elle aimerait tant ressembler…

Contrairement aux anonymes de La Vie secrète des jeunes croqués au détour d’une rue ou dans le métro, Sattouf éprouve pour ce personnage, inspiré d’une authentique petite fille dont il compte relater la vie jusqu’à ses 18 ans (!), une grande tendresse. Certes il ne magnifie pas l’enfance. Dans ce vert paradis, l’égoïsme, l’inconstance et la cruauté sont monnaie courante et beaucoup, comme Mitchell, le souffre-douleur de l’école, n’en garderont pas que de merveilleux souvenirs… Mais au fil de ces courtes histoires, l’envie, l’enthousiasme, la légèreté de la vie, le sentiment aussi qu’il n’est jamais trop tard sont là, intacts, et palpitent aussi fort que le coeur de l’héroïne. Même si plus d’un demi-siècle les sépare, il y a entre la douce Esther et le petit Nicolas de Sempé et Goscinny plus qu’un air de famille. Et pour le lecteur, comme une bouffée d’enfance après une longue apnée. — Stéphane Jarno

 

Ed. Allary, 54 p., 16,90 €.

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