L’école du Mystère

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L’école du Mystère

Ne demandez pas quelle est cette Ecole du Mystère qui donne son titre au nouveau roman de Philippe Sollers. Elle n’est pas localisable sur la carte, elle ne dispense pas ses enseignements entre quatre murs — surtout pas. Non, pour s’initier au programme de l’Ecole du Mystère, il convient, au contraire, d’ouvrir grand les fenêtres, de faire tomber les cloisons, de s’extraire des enceintes. « Je n’ai rien appris, sauf le nécessaire, à l’école, mais l’Ecole du Mystère n’a rien de socialement nécessaire, et il serait impossible de décrire son programme (il n’y en a pas). J’apprends, voilà tout. J’apprends en étudiant, soit, mais surtout en dormant, en rêvant, en parlant, en nageant, en baisant. Personne ne me dit ce qui est bien ou mal. J’apprends », écrit Philippe Sollers.

Certes, il n’y a pas de programme à l’Ecole du Mystère, mais il y a… disons, un esprit. Qu’indiquent et précisent peu à peu, depuis plus de cinquante ans, tous les livres de Sollers — il suffit d’en citer quelques titres : Paradis, Le Secret, Eloge de l’infini, La Guerre du goût… Si les mots de Baudelaire : « Et je fus dès l’enfance admis au noir mystère/Des rires effrénés mêlés aux sombres pleurs », ceux de Dante : « C’est là le principe, c’est là l’étincelle qui se dilate ensuite en flamme vive et scintille en moi comme étoile au ciel », ceux de Spinoza : « La Joie (Laetitia) est le passage de l’homme d’une moindre perfection à une perfection plus grande », ou encore ceux de Mallarmé : « Il peut avancer parce qu’il va dans le mystère », si ces mots-là, donc, vous parlent, vous aimantent, c’est bon, à l’Ecole du Mystère, vous êtes admis. Si vous y restez sourd, ce sera plus compliqué… Dans le roman de Sollers, cette opposition s’incarne aimablement, et ironiquement, en deux figures de femmes : Manon, résolument du côté du Mystère, et Fanny, définitivement obtuse. Entre les deux, le coeur de l’écrivain ne balance pas, Manon est sa compagne, sa soeur, son amante, penchée sur son épaule lorsqu’il écrit : « La vie est un mauvais roman qu’il faut transformer en roman, scansion, rythmes, rimes intimes. Vivre « par coeur », monde toujours beau, toujours divers, toujours nouveau. » — Nathalie Crom

 

Ed. Gallimard 160 p., 17,50 €.

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