L’Ange Esmeralda

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L’Ange Esmeralda

Faire un voyage dans le temps de Don DeLillo, c’est léviter entre la queue de comète de l’utopie des années 1970 et le trou noir de l’asphyxie économique des années 2000. Ecrites entre 1979 et 2011, les nouvelles qui paraissent aujourd’hui renouent avec tous les thèmes de cette oeuvre unique, où domine le mot « oscillation ». L’ambivalence, le manichéisme, le passage du rêve à la réalité, telles sont les marottes de l’auteur, fasciné depuis son premier livre par les rapports de l’homme avec le temps.

Malgré les décennies qui les séparent, ces histoires présentent toutes des êtres isolés dans la foule, « cette forme de pouvoir spontané », et touchés de plein fouet par une catastrophe extérieure, écologique, guerrière, financière ou sociale. Comme le héros d’une des plus belles nouvelles du recueil, Le Marteau et la Faucille, ils rêvent de pérenniser cet indescriptible flottement adolescent, « devenir un être fantasmatique, quelqu’un qui entre et sort de la réalité physique ». Seuls au monde, et pourtant sous le regard de tous, les personnages font l’expérience de la violence, intérieure et extérieure, sourde et insidieuse, qui révèle leur propre identité, comme dans les films de Martin Scorsese, qui, enfant, fréquenta la même école que Don DeLillo.

Tous ont un art de l’anticipation immédiate, qui passe par un recul permanent sur soi. Spectateurs de leur propre existence, en retrait et en immersion, ils sont désincarnés, et terriblement charnels. Murakami, de son propre aveu très influencé par cet écrivain américain du chaos urbain, s’intéresse aux oreilles de ses héroïnes. La main reste l’organe de prédilection de Don DeLillo. Celle qui écrit, celle qui s’agite pour enfiler un manteau, celle qui se tend en étoile pour jeter du pain dans un lac. Signe amical ou signe de désespoir.

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