La Lumière des étoiles mortes

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La Lumière des étoiles mortes

« Je déteste mes romans. Ils m’embarrassent et sont pour moi une source profonde de honte », déclarait John Banville, il y a quelque années, à la Paris Review. Lourdeur, maladresse, livrait-il en guise d’autodiagnostic plus que sévère, expliquant combien chaque livre, une fois achevé, lui semblait imparfait, car si loin de l’ouvrage qu’il avait en tête lorsqu’il en écrivait les toutes premières lignes. Un tel hiatus n’a pas de sens pour les lecteurs de ce maître de la prose en langue anglaise, Irlandais ­aujourd’hui âgé de 69 ans, auteur notamment du Livre des aveux (The Book of ­evidence, 1989), de La Mer (The Sea, Bookerprize 2005), deux trésors dans une bibliographie éblouissante. A laquelle il convient d’ajouter cette Lumière des étoiles mortes, superbe roman dont le titre grave et profond renvoie un juste écho – quoiqu’il ne dise rien de l’ironie dont Banville l’a imprégné.

Ces étoiles mortes, qui continuent d’irradier le présent d’Alexander ­Cleave, disons qu’elles s’incarnent ­essentiellement en deux femmes : sa fille, Cass, morte une dizaine d’années plus tôt, et Mme Gray, qui fut il y a un demi-siècle, alors qu’il avait 15 ans, le premier amour du désormais sexagénaire. Alex – un comédien professionnel, dont il s’agit de la troisième apparition dans l’œuvre de Banville – et sa femme Lydia survivent, plus qu’ils ne vivent réellement, depuis le suicide mystérieux de Cass, hantés par son geste, son irréversible absence que la raison échoue à ratifier : « Comme moi, songe Alex, [Lydia] n’a jamais cru en un quelconque des mondes futurs, or j’ai dans l’idée qu’elle craint que, du fait d’une faille cruelle dans les lois de la vie et de la mort, Cass ne soit pas vraiment morte, mais existe encore d’une certaine manière, captive dans le monde des ­esprits et malheureuse… »

En fait, si Cass a bel et bien pris place « dans un monde parallèle au nôtre, mitoyen et abritant peut-être les esprits de ceux qui ne sont plus ici et néanmoins pas totalement partis non plus », il se peut que le monde en question ne soit rien d’autre que la mémoire, les pensées, le cœur d’Alex, dont La Lumière des étoiles mortes constitue comme un long aveu, à la première personne. Une méditation sur l’existence et l’apprentissage sans fin de l’individu, sur l’amour et la trahison, sur le souvenir et ses failles, sur les liens indissolubles qui unissent peut-être, par-delà la mort, les êtres qui se sont aimés.

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