La Gaieté

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La Gaieté

Il ne faudrait pas trop se fier à son titre soi-disant limpide, ses premières pages trompeuses, sa phrase inaugurale brandie comme une résolution : « C'est quand je suis tombée enceinte que j'ai décidé d'arrêter d'être triste, définitivement, et par tous les moyens. » Ainsi commence La Gaieté, le quatrième roman de Justine Lévy. C'est tentant, la gaieté, et c'est une aspiration réaliste – plus réaliste que celle du bonheur : « Je n'ai pas pensé bon maintenant je vais être heureuse, on va être heureux tous les deux, tous les trois bientôt, car je sais bien que ça ne veut rien dire, être heureux, est-ce qu'on a déjà vu quelqu'un être heureux plus d'un quart d'heure ? » Donc, non, pas le bonheur, trop abstrait, pas même la joie, cette « dilatation du cœur » dont parlent la Bible et les mystiques ; juste la gaieté, c'est-­à-dire une certaine façon d'accueillir la vie avec, sinon confiance, du moins un certain sourire.

De fait, il arrive qu'on sourie, à la lecture de ce roman – c'est assurément de Justine Lévy elle-même dont il est question, mais c'est Louise, son alter ego romanesque, déjà narratrice de Mauvaise Fille (2009), qui raconte –, mais ce n'est pas l'état le plus fréquent dans lequel il plonge son lecteur. Parce que « d'avoir des enfants, […] ça vous met surtout face à votre propre enfance », Louise devenue mère ne prend pas de distance avec sa propre enfance. Au contraire, elle y retourne, ses premières années ne cessent de remonter à la surface du roman comme elles lui remontent dans la gorge, lui sciant les nerfs, parce que chargées d'anxiété, de détresse, d'incompréhension. La Gaieté n'est pourtant pas un roman triste, mais un texte rapide, trop léger parfois, presque enfantin, mais plus souvent âpre, rugueux, crâne, voire cruel. Salé comme sont les larmes.

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