La Discrétion Ou l’art de disparaître

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La Discrétion Ou l’art de disparaître

« Se faire subitement discret, c’est abdiquer pour un moment toute volonté de puissance. » Ou comment disparaître soi-même, pour (mieux) voir l’autre apparaître. Subtile et artistique, cette dialectique est au centre du nouveau livre de Pierre Zaoui — auteur, en 2010, d’un très bel essai sur les moments de crise existentielle, La Traversée des catastrophes.

Toujours aussi attentif à la fragilité, le philosophe cherche aujourd’hui à creuser l’envers de notre modernité hyper médiatisée, dominée par le règne de la visibilité et la course vers la célébrité. Il propose une généalogie, à la force sauvage et discontinue, du concept de « discrétion » (saint Thomas, Pascal, Baudelaire, Blanchot, etc.), qu’il choisit de placer sous les auspices d’une phrase du Journal de Kafka : « Dans ton combat avec le monde, seconde le monde. » Remisés les ego surdimensionnés et autocentrés ! La discrétion n’est en rien une petite expérience privée. Cet art de disparaître au profit de l’éclosion du monde et de la beauté des choses, Zaoui le déplie et le déploie avec une grande sensibilité jusqu’à lui faire connaître un envol subversif : se faire discret, c’est résister à la caméra de surveillance de l’époque, c’est vivre une expérience politique, une disponibilité urbaine et démocratique. Pour le dire en termes discrets, c’est laisser « un peu de place aux autres et au monde ». — Juliette Cerf

 

Ed. Autrement 160 p., 14 €.

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