La Cinquième Impossibilité

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La Cinquième Impossibilité

Ces douze textes, écrits entre 1987 et 2012 et qui couvrent la période allant de 1945 à nos jours, composent l’itinéraire intellectuel de Norman Manea (né en 1936), un écrivain roumain parvenu à surmonter l’exil et la dépossession de sa langue. Originaire de la région de Bucovine, déporté en 1941, à l’âge de 5 ans, dans un camp de Transnistrie, le gamin dut encore affronter la dictature communiste. Les bouées de sauvetage de l’adolescent, puis du jeune homme, s’appelleront Marcel Proust, Thomas Mann, William Faulkner ou Mikhaïl Boulgakov, eux et tous leurs « êtres-personnages » qui façonnent non seulement une bibliographie, mais l’aident aussi à se construire une biographie. Au passage des frontières, aux domiciles qui l’accueillent, Norman Manea ne cesse de jongler avec les nouvelles langues qu’il doit apprendre : l’allemand à Berlin, l’anglais à New York, et d’abord et avant tout le roumain, langue maternelle qu’il doit se réapproprier, dégagée de ses normes politiques et de sa gangue propagandiste. « Les lectures allaient me sauver de l’abrutissement qu’instaurait la langue de bois de la dictature. Le romantisme allemand, le réalisme critique français et anglais et, surtout, la grande littérature russe, abondamment et excellemment traduite ces années-là en Roumanie, allaient mettre le feu à mon imagination », écrit Norman Manea. Ses textes déploient aussi une réflexion sur les chemins intimes de la littérature, sa capacité à surmonter le quotidien et la trace qu’elle laisse des auteurs disparus.

Ainsi Cioran, Philip Roth ou Ernesto Sábato sont-ils les interlocuteurs de Manea, qui redonne vie également à une Anne Frank de Bucovine : Selma Meerbaum, originaire de Czernowitz, assassinée à 18 ans, en 1942, dans le camp de Michailowka. Les magnifiques poèmes d’amour de cette jeune fille sont, pour Manea, l’indice irréfutable que la littérature peut vaincre toutes les atrocités de l’Histoire.

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