Kalpa impérial

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Kalpa impérial

L’Argentine est terre de fantastique : Borges, Cortázar, Bioy Casares y ont tissé des contes imprévisibles — et Angélica Gorodischer y est, dit-on, presque aussi connue qu’eux. Kalpa impérial est paru en 1983, après la chute du général Videla, quand enfin survint une bouffée de liberté. En onze chapitres, le roman raconte les multiples naissances et chutes d’un empire immense, « le plus grand à avoir jamais existé ». Au fil des ans, les mendiants deviennent empereurs, la démocratie vire à la dictature et la vérité devient légende et propagande.

Le narrateur de l’histoire ne cesse de nous prévenir que ce que nous lisons n’est qu’une version fluctuante et partiale de l’histoire. Là où des écrivains démiurges, tels que Tolkien, construisent des mondes dont l’intérêt est dans la précision encyclopédique présidant à la création, Gorodischer fait dire une légende où rien n’est sûr, où tout est réinterprété par celui qui raconte. La fable se charge d’ambiguïté, et Kalpa impérial devient aussi, voire surtout, une réflexion prophétique (le livre a près de 35 ans…) sur la communication, le mensonge et l’art de conter. — Hubert Prolongeau

 

Traduit de l’espagnol (Argentine) par Mathias de Breyne, éd. La Volte, 256 p., 20 €.

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