Je vais, je vis

Ajouter un commentaire

Je vais, je vis

« Nous aimerions chacun ne pas avoir à survivre à la mort de l’autre. Nous nous sommes souvent dit que si, par impossible, nous avions une seconde vie, nous voudrions la passer ensemble », écrivait le philosophe André Gorz dans sa Lettre à D. (2006), adressée à celle qui fut sa femme durant près de soixante ans. Je vais, je vis constitue peut-être, pour le poète Hubert Lucot, un geste semblable : une longue lettre écrite à destination de sa femme, Anne-Marie, désignée par les initiales A.M. (1) dans ces pages – « Je porte en moi, écrit-il, une boucle de cinquante-quatre ans : le mariage dans la mairie du 16e en août 1958, les soins ultimes dans un village du 16e, Auteuil, en 2012. La perfection de cette forme courbe m’illumine, bien qu’elle enserre déchirements et ratés. » Atteinte d’un cancer, A.M. est morte dans la nuit du 8 au 9 août 2012, et c’est après son décès qu’a été composé ce livre de deuil, qui s’offre à lire comme un journal, tenu par Hubert Lucot, de longs mois durant lesquels elle a lutté contre la maladie, lui à ses côtés autant qu’il est possible. Terrible exposé clinique, frontal, lent, minutieux, accablant, inexorable, tragique, dans lequel viennent s’enchâsser les échos du monde extérieur – la guerre civile en Syrie, des paysages parisiens… –, mais aussi des souvenirs proches ou lointains, et des rêves qui convoquent l’aimée ou l’enfance. Comme s’il s’agissait ici, pour l’écrivain, de ne rien perdre de ce qui fut, essentiel ou accessoire, grave ou heureux.

Commandez le livre Je vais, je vis

Laisser une réponse