Je, François Villon. Tome 3

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Je, François Villon. Tome 3

François Villon, dernière séquence. Juin 1461, errant, vivant de bric et de broc, le poète échoue à la suite d’un larcin dans les geôles de l’évêque d’Orléans, à Meung-sur-Loire. Mauvaise pioche. Longuement torturé, soumis à cette question à laquelle il n’est point de réponse, il ne doit son salut qu’à l’avènement du nouveau roi, Louis XI. Libéré, il retourne enfin à Paris… Commencée il y a sept ans, cette fresque qui retrace la vie de l’auteur des Ballades s’achève. Fidèle au roman éponyme de Jean Teulé, l’adaptation fait la part belle à l’humanité débordante du personnage et à ses multiples frasques. Du moins d’après ce que l’on en sait, c’est-à-dire peu. Quelques arrêtés de justice, beaucoup de rumeurs, la vie de Villon est pleine de trous et le poète n’était pas le dernier à brouiller les pistes. Loin d’en faire un « escolier » roublard, une sorte de proto-Rabelais (qui verra le jour une vingtaine d’années plus tard), Luigi Critone lui a insufflé une gravité troublante. Comme si Villon, à chaque étape de sa vie dissolue, agissait en pleine conscience, fasciné par l’ignominie de ses propres actes. Une sorte de pulsion de mort qui le pousse à voler ses bienfaiteurs, donner en pâture la fille qu’il aime à des voyous ou à tuer par bravade. Avec en guise de remords quelques vers qui, dans ce bas Moyen Age où la poésie est vénérée par la plèbe comme par les puissants, lui évitent le gibet à plusieurs reprises.

Curieux bonhomme que ce gueux devenu clerc, agnostique, égoïste, et si peu de son temps ; un beau salaud parfois, dont on aime pourtant l’allure et la liberté. Sans donner dans la minutie, Critone parvient à nous communiquer l’esprit et les couleurs d’une époque de débauches et de croisades, où le diable et le bon Dieu jouent encore à cache-cache dans l’ombre mouvante des chandelles. — Stéphane Jarno

 

Ed. Delcourt. 72 p., 15,50 €.

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