Hollywood Babylone

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Hollywood Babylone

A l’heure de sa sortie américaine, en 1975, la critique est cinglante : « Si l’on peut trouver une qualité à ce livre, c’est bien de n’en avoir aucune », lit-on dans le New York Times. Dix ans après avoir été interdit (aussitôt après sa parution), Hollywood Babylone choque encore. Les commentateurs les plus sérieux se pincent le nez à la lecture de cette trouble escapade derrière les miroirs sans tain de l’industrie du rêve. On écrit que Kenneth Anger (né en 1927), cinéaste avant-gardiste, fétichiste, sataniste, tisse les légendes de son livre à partir de fantasmes et de ragots collectés dans les poubelles du septième art.

Lui ne prend pas la peine de s’en défendre. Depuis sa plus tendre enfance, il vit à Los Angeles, en lisière des studios hollywoodiens où sa grand-mère est costumière, et son imaginaire s’est vite soumis au tourbillon des intrigues qui enflamment la « cité des anges ». Dans les années d’après guerre, qui mènent au lancement triomphal de Confidential, sulfureux ancêtre de la presse people, Anger collectionne les photos avec un soin maniaque, découpe les journaux, recueille les objets égarés, amasse les histoires, fait son miel de toutes les rumeurs qu’on diffuse parce qu’elles sont mille fois plus affriolantes qu’un semblant de vérité : l’amant de Jean Harlow se suicide après avoir voulu la régaler d’un phallus artificiel, Marlene Dietrich est « bisexuelle et gourmande d’amours », Chaplin s’éprend d’une lolita de 7 ans, Johnny Weissmuller enrage lorsque sa compagne, la sublime Lupe Velez, soulève sa jupe dans les soirées (« elle était vierge de lingerie »)

Ecrit pied au plancher pendant un séjour parisien dans les années 1950, publié alors par Jean-Jacques Pauvert, l’éditeur de Sade, Hollywood Babylone a longtemps circulé sous le manteau pour devenir un livre culte de la contre-cul­ture. Ceux qui cherchaient un tableau net de la société hollywoodienne ont passé leur chemin ; les autres, qui fantasmaient dur sur l’envers du rêve américain, ont dévoré cette fresque qui mélange tous les degrés de réalité pour peindre le tableau vénéneux d’une jeunesse s’abîmant avec talent. Les crimes succèdent aux suicides, stars et starlettes perdent leurs nerfs, la poudre fait des ravages, les dealers ont des allures d’aristocrates, les histoires, étouffées par le marbre des palais, débordent de détails grandioses. La vérité est fuyante, mais le décor, bien réel, celui d’un Los Angeles mortifère, dans lequel James Ellroy s’est perdu pour ses grands livres des années 1980, Le Dahlia noir et L.A. Confidential.

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