Palma, 1980. Avec ses yachts rutilants et ses villas pour milliardaires, la capitale des Baléares est déjà un paradis pour happy few. On en oublierait presque les pauvres qui nichent dans le barrio chino. Dans ces rues étroites bordées de bars louches et d’hôtels de passe vivent Gabi et sa bande. Ils ont 15 ans, pas un sou, des parents au mieux absents et pour seul horizon la rue, les rixes, la drogue, l’argent facile…
Inspirées des souvenirs d’enfance de Gabi Beltrán, et mises en images par Bartolomé Seguí, ces histoires courtes ont la saveur âpre et brûlante du gin bon marché et des amphétamines. Ceux qui ont connu la Movida, le rock, les nuits blanches, l’envie de vivre vite trouveront dans les Histoires du quartier d’appétissantes madeleines. Mais le vrai talent des auteurs majorquins est ailleurs. Juste, dépouillé, à petites touches, leur portrait de cette microsociété qui fait de son mieux pour rester digne et humaine, est terriblement attachant. Ballotté entre la bande et l’envie d’être différent, Gabi, le narrateur, poursuit son itinéraire sensible vers l’âge adulte. A croire que depuis Carlos Gimenez, les auteurs espagnols savent comme personne parler des enfances blessées… — Stéphane Jarno
Ed. Gallimard, 168 p., 19,90 €.
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