Gus 4. Happy Clem

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Gus 4. Happy Clem

On n’y croyait plus ! Annoncé, puis reporté depuis des années, le quatrième tome de Gus a finalement vu le jour. Difficile de résumer cette histoire foisonnante qui a revisité et transcendé l’univers du western. Disons juste que, huit ans après le précédent opus, il y avait tout à craindre de cette suite. La scène d’exposition où Gus, le héros au long nez, est paralysé à l’idée d’attaquer à nouveau un train après des années d’inactivité, ne dit d’ailleurs pas autre chose. Derrière ce trac monumental, comment ne pas voir l’angoisse de l’auteur au moment de reprendre les rênes d’un récit depuis longtemps interrompu ? Idem pour le lecteur, perplexe devant une histoire dont il a oublié péripéties et personnages… En quelques planches, pourtant, les doutes sont balayés, le charme opère à nouveau, Gus, Clem, Isabella, Gratt et tous les autres n’ont rien perdu de leur attachante singularité. Démiurge inspiré et sans doute un brin maniaque, Blain a fignolé des personnages tiraillés entre libido, rêves d’aventure, envie de jouer les riches et rivalités mesquines. Prenant pour décor la Californie de la fin du xixe siècle, l’auteur déroule sa petite comédie humaine ponctuée de hold-up, d’attaques de banques, de coups de surin et de développements inattendus. Un mélange savamment dosé, une narration au cordeau, qui évoque les meilleures séries américaines, le talent graphique en plus.

Au service exclusif du récit, vouée à demeurer dans l’ombre, chaque vignette est un petit bijou qui doit autant aux gravures anciennes qu’aux dessins de Sempé. Sens de l’épure et goût du détail, élégance du trait et caricatures : Blain joue avec les contraires et reste décidément l’auteur le plus étonnant de sa génération. On aimerait bien, parfois, entrer dans cette tête bien faite où coexistent la fougue d’un gamin et des appétits d’adulte, l’envie de tout péter d’un côté et la tentation d’un bon gros confort de l’autre. — Stéphane Jarno

 

Ed. Dargaud, 104 p., 16,95 €.

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