Et le corps blanc des amoureuses

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Et le corps blanc des amoureuses

Alors que nous célébrions il y a peu le retour à la lumière d’Hélène Bessette, dynamiteuse de mots disparue en 2000 dans un injuste oubli, voilà que jaillissent les nouvelles éclaboussures littéraires de Bénédicte Heim, romancière à part et à part entière, qui en est la digne héritière. A l’instar de celle que ses éditeurs appellent « LNB7 », et qui s’autodéfinissait comme auteure de « romans poétiques », « Bénédicte M » écrit dans une fièvre de l’urgence obstinée, en apnée depuis les lames de fond linguistiques qui secouent son travail incomparable. Dans son nouveau roman, qui doit se lire, se proférer, se psalmodier à voix haute, elle capte les ondes vibratoires entre une mère et son fils, entre un frère et sa soeur, entre des framboises et des lèvres, entre un chagrin et une gorge, entre la lumière et les pupilles. Modes d’expression viscéraux, les écrits de chaque personnage se télescopent et fusionnent.

La langue de Bénédicte Heim pulse en tous sens, chaque mot réanimant le suivant, dans une chaîne de secours explosive. Echantillon : « Adieu les heures qui traînent leurs jupes assoupies, leurs roues mal tournoyées. Adieu les souffles expirés à petits traits, le défaut de sel et de sang. J’élis les vrais pollens, les injecte dans mes flancs. Je ne céderai plus rien à ceux qui comme vous baissent l’ardeur. Je fonce, commissures retournées, dans la fureur froide de l’été. » Poésie charnelle, symphonie organique, cantique prophétique, cette oeuvre indéfinissable n’en finit pas depuis quinze ans de répandre son humble puissance. — Marine Landrot

 

Ed. Les Contrebandiers, 232 p., 15 €.

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