Dans les eaux du Grand Nord

Ajouter un commentaire

Dans les eaux du Grand Nord

Il n’y a pas véritablement d’héroïsme dans ce singulier récit d’aventures où résonnent les échos de Conrad, de Melville ou de Cormac McCarthy. Juste l’âpreté d’une campagne de chasse à la baleine à bord d’un trois-mâts parti du Yorkshire au début de l’hiver 1859. Tous les épisodes y sont — la traque, la tempête, la promiscuité, la scène de dépeçage —, mais dénués de tout romantisme, de toute bravoure. Dans les eaux du Grand Nord est un texte cru qui dit jusqu’à l’éblouissement la souffrance des hommes et des bêtes, la brutalité des gestes et des esprits, la crasse, le sang, les humeurs, les odeurs pestilentielles. La violence est nue, le roman d’aventures se hisse au niveau de la tragédie où s’affrontent un chirurgien, embarqué comme médecin de bord, soldat déchu à l’humanité fragile, et un harponneur pervers, figure primitive du mal. Le bateau se trouve bientôt bloqué dans les glaces, chacun cherche à sauver sa peau à défaut de son âme. La blancheur du paysage se pare de poésie noire, le thriller de reflets métaphysiques. Aux frontières de l’imagination. — Michel Abescat

 

The North Water, traduit de l’anglais par Laurent Bury, éd. 10/18, 312 p., 17,90 €.

Commandez le livre Dans les eaux du Grand Nord

Laisser une réponse