Cobalt

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Cobalt

« Se réveiller, ressusciter, se décongeler, renaître. Différents mots pour traduire le moment où, après des années à vivre dans l’anonymat et dans la paix, un agent reprend du service… » Et quel agent ! Installé comme apothicaire, entouré de vieilles dames qui apprécient autant ses préparations magistrales que son physique digne de Schwarzenegger, le « professeur » Cobalt est sommé d’abandonner ses bonnes manières et ses bocaux pour exhumer flingues et couteaux. Pour libérer la ville de l’obscurité qui la ronge, l’ancien exécuteur aux cheveux grisonnants doit envoyer ad patres ses quatre puissants édiles. Une mission d’autant plus délicate que ceux-ci sont habités et protégés par une mystérieuse algue extraterrestre…

Entre polar et fantastique, digne des meilleurs films noirs hollywoodiens, bien balisée, l’histoire prend cependant un tour surprenant. Traité à la manière des illustrations américaines des années 1960, peuplé de personnages extravagants que l’on dirait sortis d’un cartoon ou des pages du New Yorker, Cobalt déjoue les clichés du genre avec son parti pris graphique. Si cet ovni venu d’Argentine, imaginé par le romancier Pablo de Santis, est une jolie surprise, il révèle surtout le talent graphique de Juan Sáenz Valiente. Maître des angles et des cadrages, adepte de la bichromie, le dessinateur semble avoir grandi devant les aventures de La Panthère rose : élégant, absurde, poétique et souvent drôle, Cobalt rend un hommage inattendu et bien troussé à l’univers du ­filiforme félin imaginé par le cartooniste Friz Freleng. Une bulle de fantaisie dans un monde décidément trop lourd. — Stéphane Jarno

 

Ed. Michel Lafon, 56 p., 13,95 €.

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