Adieu sans fin

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Adieu sans fin

Chercher le salut par l’écriture, après la perte d’un être cher, est souvent une aventure intérieure éclairante, une grande source d’apaisement. Mais pour que l’épanchement s’infiltre en profondeur chez le lecteur, pour que la transmission s’accomplisse en harmonie, sans complaisance d’un côté, sans voyeurisme de l’autre, il faut que l’endeuillé s’en remette entièrement à la littérature, qu’il accepte de faire silence pour la laisser parler comme elle l’entend. Cette confiance en l’omniscience de la langue transparaît dans ce magnifique récit de Wolfgang Hermann, sur la disparition de son fils de 17 ans, retrouvé mort dans son lit après une mauvaise grippe. Ravagé par le chagrin, le père ne parvient plus à habiter son corps, ni à prendre appui sur ce qui le soutenait auparavant. Le monde entier s’effondre, s’évapore, se liquéfie, et ce changement général de consistance propulse l’auteur dans une autre dimension, sans loi de gravité, sans notion de temps ni de lumière. Les mots sont ses seuls repères, ils dessinent un paysage d’abord extérieur, mystérieux, incompréhensible, presque hostile. Puis ils lui révèlent un monde nouveau, peuplé d’êtres prêts à lui réinsuffler la vie, et de livres salvateurs comme La Promenade, de Robert Walser, dont sa femme lui lit un extrait qui le remet sur pied. Alors l’adieu sans fin se transforme en chant d’accueil à tout ce qui est prêt à éclore. — Marine Landrot

 

Abschied ohne Ende, traduit de l’allemand (Autriche) par Olivier Le Lay, éd. Verdier, 128 p., 15 €.

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